Le lien entre santé et alimentation est depuis longtemps connu. Hippocrate basait déjà sa médecine sur l’interaction de l’alimentation sur la santé. Parent pauvre de la médecine moderne et de la recherche, la relation alimentation santé connait depuis une dizaine d’années un véritable regain d’intérêt.
Alimentation et santé, une relation ancienne !
Le lien entre alimentation et santé est au cœur de nombreuses recherches médicales aujourd’hui. Cependant, cette relation particulière est connue depuis très longtemps, et ce, quels que soient la culture ou le continent.
Hippocrate, considéré comme le père de la médecine, déclarait, en 400 avant Jésus-Christ, «l’alimentation est la première médecine ». Il trouvait dans l’alimentation un moyen de conserver une bonne santé ou de soigner un déséquilibre grâce à des aliments aux propriétés particulières. Hippocrate base ainsi toute sa pratique médicale sur trois fondements indissociables : la pharmacie, la chirurgie et la diététique. L’alimentation permet dès lors d’agir sur les humeurs (sang, bile…) qui rétablissent la santé par biofeedback.
Au Moyen-Âge, puis pendant la Renaissance, les médecins et hommes de sciences continuent d’utiliser l’alimentation pour préserver la santé des populations ou soigner divers troubles, comme la consommation de céleri pour accroître la libido masculine.
Dès le 16ème siècle, l’alchimie occupe une place prépondérante dans la société et le domaine de la santé. Paracelse, médecin et alchimiste, remet en cause la théorie hippocratique des humeurs pour privilégier une approche alimentation-santé basée sur des préceptes chimiques et l’équilibre des éléments contenus dans les aliments (vitamines, protides, lipides…).
Portée par les découvertes sur les propriétés physiques et chimiques du corps humain et du vivant en général, la médecine s’appuie de plus en plus sur la science, laissant de côté le lien entre alimentation et santé, souvent qualifié de tradition populaire. Depuis quelques années, la relation entre alimentation et santé bénéficie d’un regain d’intérêt de la part de la corporation médicale en raison du développement de certaines maladies dans les pays où la consommation de produits industriels et agroalimentaires est massive.
Des conséquences de l’alimentation sur la santé
Les raisons de penser qu’il existe un lien entre santé et alimentation sont nombreuses. Dans un premier temps, ce ne sont pas les recherches médicales et scientifiques qui ont montré le lien entre alimentation et santé, mais l’observation des mouvements migratoires humains. Ainsi, les sociologues et scientifiques ont constaté que les migrants japonais aux Etats-Unis devenaient en une génération américains sur le plan de leur espérance de vie et des pathologies développées. Des études plus approfondies ont par ailleurs mis en évidence la récurrence de maladies spécifiques au sein de populations privilégiant une alimentation industrielle et des plats préparés. Plus récemment, les chercheurs ont pointé l’émergence de maladies dites occidentales dans des pays jusque-là épargnés, mais qui connaissent depuis plusieurs années un essor de leurs industries agroalimentaires et une occidentalisation de leurs modes de vie.
Dans les années 90, l’étude EPICN (European Prospective Investigation on Cancer and Nutrition) menée sur 520.000 Européens dans dix pays différents a identifié des facteurs de risques dans le développement de certains cancers : alcool, sel, viande rouge, bêtacarotène consommé en excès, ainsi que les aliments jouant un rôle préventif.
En 2008, l’étude E3N réalisée auprès de 25.000 individus est venue confirmer le rôle de l’alcool dans le risque de développement d’un cancer du sein invasif et montrer que l’excès de cholestérol est un facteur d’apparition du cancer de la prostate.
Désormais les recherches médicales sur la relation entre alimentation et santé se concentrent plutôt sur des expérimentations en laboratoire où l’action d’un aliment est directement observable sur des souris ou des maladies précises, comme le rôle du thé vert sur la vascularisation tumorale, les propriétés anti-inflammatoires du curcuma ou l’action du cacao sur le système cardiovasculaire.
Alimentation et santé, des connaissances encore incomplètes
Malgré tout, les connaissances scientifiques sur le lien alimentation-santé sont encore très incomplètes et les recherches difficiles à mener car de multiples facteurs entrent en jeu : constitution physique, nutriments nombreux, interactions entre les aliments, exercice physique, environnement…
En matière d’alimentation et de santé, les premières recherches effectuées ont davantage concerné la nutrition animale et la médecine vétérinaire. L’objectif était bien sûr d’améliorer la production de viande, de lait, de poisson pour améliorer santé et bien-être du consommateur. Ainsi, en 25 ans à peine, l’élevage et l’agriculture ont subi une transformation totale, multipliant les productions de façon exponentielle et créant donc une abondance alimentaire. Malheureusement, si nous savons aujourd’hui combler les carences causées par la malnutrition ou la dénutrition, nos connaissances concernant la surabondance de l’alimentation et la santé sont maigres ! Lorsque la question de la « bonne alimentation » se pose, la réponse ne concerne plus, en Occident, l’accroissement de la production de lait afin que toutes les populations puissent y accéder ! Il s’agit désormais de trouver une alimentation qui permette de conserver une bonne santé et de lutter contre la recrudescence de diabète de type 2, d’obésité et de maladies neurodégénératives, fléaux des sociétés industrielles et des organismes de prise en charge des soins médicaux !